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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

servait de vêtement unique jusqu’à ce moment-là, la nuit avait été brillante ; la lune, suivie de son cortège d’étoiles, répandait une douce clarté qui suppléait presqu’à remplacer le jour ; mais, à l’instant où le cortège funèbre sortit de l’humble demeure de Jacquelin, il se fit un changement soudain dans l’atmosphère ; on entendit s’élever, du côté de Limoux, le Sers impétueux, aigre et discordant, qui, chassant devant lui des nuées obscures, bientôt assombrit la face chancelante du ciel. L’habitant d’Alet s’en félicita, car il y avait loin encore de son logis au cimetière, et bien que l’heure fut indue, il redoutait quelque rencontre fâcheuse. Personne ne se montra devant eux ; ils atteignirent le champ du repos, comme l’on dit aujourd’hui, et y pénétrèrent à la faveur d’une brèche que le temps avait ouverte dans la muraille qui l’environnait. Il fallait chercher