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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

la place où naguère reposait le cadavre si sacrilégement arraché à son cercueilet ce travail se présentait lent et pénible.

L’ouragan continuait à croître ; d’étranges voix sifflaient dans l’air, et de sourds gémissements leur répondaient du sein de la terre : par trois fois celle-ci sembla tressaillir sous les pas des deux chrétiens qui la heurtaient ; la pluie ne tombait pas encore ; mais de larges gouttes d’eau détachées des nuages que le vent emportait dans l’espace venaient fouetter la figure de Jacquelin et de son compagnon.

Il y eut un instant de relâche, et, dans ce moment l’horloge de l’église paroissiale frappa minuit ; au même instant, un éclair livide et prolongé illumina le plus terrible spectacle. Du sein de chaque tombe se levaient à la fois plusieurs cadavres, les uns squelettes complets, les autres revêtus encore de ces formes qu’ils avaient sur la terre,