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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

tance, et il finit par concevoir que je pouvais lui être utile ; alors il me révéla son secret.

Le comte Grimani, l’un des souverains possesseurs de fiefs impériaux dans la Haute-Italie, aimait à se promener solitairement dans les lieux écartés : souvent il portait ses pas soit sur les montagnes élevées, soit dans la profondeur des abîmes, et maintes fois il allait s’asseoir sur une pierre sépulcrale dans quelque cimetière isolé.

Une nuit qu’il avait choisi ce dernier but de promenade, il se reposa sur un débris d’ancien tombeau, et là, se perdant en mille réflexions chimériques et bizarres, il se demanda ce qu’il éprouverait si la terre, venant à s’ouvrir, laissait apparaître devant ses yeux quelque fille du cercueil dont le cœur, maintenant glacé, aurait autrefois battu d’amour.