Page:Lamotte - L'éducation rationnelle de l'enfance, 1922.djvu/22

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à être inspirée à l'enfant, nous ne demandons qu'à nous taire. Que ceci ne surprenne pas. Nous sommes décidés à combattre la morale de l’école, chez l’écolier même, afin de changer l'esprit scolaire, s’il est possible ; mais nous ne nous y décidons que devant le danger qu'il y aurait à faire autrement et nous ne tenons pas pour normal ce développement de l'enfant. Certes, nous voulons que ces mioches soient demain des individus capables de vivre sans lois et sans maîtres, et c'est pour cela que nous sommes forcés de toujours opposer la critique anarchiste au préjugé bourgeois qu'on s'efforce de leur inculquer. Mais nous n'ignorons pas qu'il y a à cela un immense écueil : c'est que ni le préjugé, ni la critique n’intéressent notre élève, cela n'est pas son affaire. Ce qui le passionne, c'est les bêtes , les machines, les sons, les métaux, l’arc-en-ciel, les bourgeons. les bateaux, les jets d’eau, les pierres, les folles courses, la chaux qui bouillonne, la glace transparente, la terre cuite que sais-je ? C'est la connaissance infinie qui nous permettra de réaliser le progrès.

Et c’est sans morale que nous pensons qu'il convient d’élever l’enfant.

D'ailleurs, nous sommes en cela fidèles à notre principe de lui laisser découvrir. Il découvrira lui même les rapports entre les hommes et les définira selon sa conception. Je n'ai nullement peur qu'un enfant sain et normalement développé qui a pris le goût de la recherche et acquis la vaste compréhension des lois naturelles, ne sache pas se conduire, bien au contraire, il saura et il pourra.

Ainsi, tandis que, pénétrés de l'utilité de la rénovation de l’enseignement, les anarchistes y consacrent des efforts que nous voudrions voir plus ardents encore, l'Église et l'État redoublent de zèle dans leurs rivalités et apportent