Page:Lamotte - L'éducation rationnelle de l'enfance, 1922.djvu/26

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« Mais le maître se salirait ! » m'a dit l'un des écoliers auxquels je parlais de ces systèmes éducatifs. Et celui-là avait trouvé le vrai mot. Le maître a des manchettes! La maîtresse a un corset ! Les voyez-vous à quatre pattes, barbottant dans la boue, parmi les gosses ? Et le prestige ? Car, ce que l'on enseigne avant tout à l'École Normale, c'est le prestige. À mesure que le futur instituteur perd son originalité, il devient trop souvent empreint d'une morgue doctrinaire et autoritaire. La preuve, c’est cette parole qu'on entend souvent dire aux petits : « C’est vrai, le maître l'a dit ». En voilà un mauvais compliment à faire de son éducateur ! Et je n'insiste pas sur le ton imposant que prend le « pion », malgré qu'il soit susceptible de susciter des accidents nerveux chez l'enfant prédisposé, lui faisant ainsi contracter souvent des affections qui se prolongent la vie entière.

Naturellement, le livre, loin d’être systématiquement méprisé, sera souvent en mains et nous nous attacherons, non seulement à apprendre à nos gosses vraiment à lire, mais encore à aimer la lecture et à comprendre exactement ce qui est écrit.

Nous savons trop qu'ils tireront plus tard de cette connaissance, avec d'inestimables joies, d’extraordinaires leçons.

Qu'on en soit bien convaincu, il ne peut y avoir de besogne plus profondément révolutionnaire que celle d'apprendre aux enfants du peuple à lire véritablement, à écrire, à s'exprimer que de les mettre en état de se renseigner et de se faire comprendre. L'opinion n’est pas de moi et ne date pus d'hier. C'est bien pourquoi l’enseignement officiel est si peu précieux.

Bien entendu, il serait encore préférable de pouvoir arracher complétement nos enfants à l'abrutissement pédagogique. La véritable solution serai tde nous charger, directement et personnellement, de leur éducation, en