Page:Lamotte - L'éducation rationnelle de l'enfance, 1922.djvu/25

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Quel avantage si l'on pouvait réunir ces enfants après la classe ! À peu de frais, avec de l'intelligence et de l'ingsniosité, on les installerait convenablement. Une table de six ou huit places, à laquelle ils se succéderaient, suffirait pour une trentaine d'enfants, (si l'on songe que les plus petits, ceux de huit à dix ans, ne doivent pas emporter pour plus d’un quart d'heure de travail). Les devoirs seraient expliqués sur des exemples et on y installerait les enfants après s'être assuré que ce ne sera plus pour eux un abrutissement angoissant, mais un exercice intéressant. La matière des leçons serait montée, offerte à la vue, toutes les fois qu'il est possible et on inviterait les écoliers à définir eux-mêmes ce qu'ils voient ; de telle sorte qu'ils acquerraient ainsi à la fois des notions plus nettes, plus sensibles, plus solides et l'habitude de s’expliquer et de décrire eux-mêmes tandis qu'ils perdraient l'habitude si funeste de définir de mémoire et de décrire d'après les autres.

Par exemple, si avec quelques pierres. un peu de terre, un peu d'eau, vous figurez aux marmots intéressés et joyeux le système de partage des eaux, une île, un volcan, etc. non seulement ils comprendront très vile et même raconteront à leurs camarades ce qu'ils ont vu de semblable dans la nature ; mais ils sauront vous répondre quand vous leur demanderez : qu'est-ce qu’une île ? Pendant qu'ils l'on sous les yeux et que le livre est au diable, vous aurez à choisir entre bien des définitions dont quelques-unes très pittoresques, à éliminer les vicieuses en disant pourquoi elles le sont, à choisir la plus simple entre les bonnes, etc., ce qui constituera un excellent exercice. Ces enfants auront beaucoup acquis, sans se douter qu'ils travaillent ; tandis que le triste écolier, penché sous la lampe, qui répète jusqu’à ce qu'il s'en souvienne les définitions de M. Foncin, a beaucoup peiné pour n’acquérir que peu.