Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/109

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mêlée d’éclatants triomphes et de revers inouïs, que les Byzantins ont soutenue sans un moment d’interruption contre toutes les forces de l’islamisme, depuis Héraclius jusqu’à Constantin Dragazès. Pendant les siècles les plus sombres du premier moyen âge, alors que toute culture intellectuelle et toute vie policée semblaient éteintes en Occident ; Constantinople a été un foyer lumineux de civilisation, dont l’influence a rayonné plus d’une fois sur les contrées occidentales. Les grandes traditions scientifiques et littéraires ne s’y sont jamais abaissées, et la suite ininterrompue des écrivains byzantins a droit à une place honorable dans l’histoire de l’esprit humain. L’Église Grecque, même après Photius, même après Michel Cérulaire, a eu des légions de docteurs, de saints et de martyrs, et c’est a bon droit qu’elle revendique le titre d’Orthodoxe, car jamais à aucune époque elle n’a glissé du schisme dans l’hérésie. Sa part dans la propagation du christianisme a été immense ; elle a conquis à l’Évangile la moitié de l’Europe. Les missions de l’Église Grecque ont été remarquablement nombreuses et fécondes : sous Justinien, chez les Huns de la Mésie, chez les Goths Tétrascites de la Crimée, chez les Abkhazes, du Caucase, et bien plus loin encore, jusqu’en Éthiopie, jusqu’à Socotora, à Ceylan, au Malabar, à la Chine, d’où les missionnaires byzantins rapportèrent le ver à soie, encore inconnu à l’Europe ; sous Héraclius, chez les Croates et les Serbes ; sous Michel III, chez les Bulgares, les Moraves, les Khazars, les Russes ; sous Basiles Ier, chez les Narentans ; sous Constantin VII chez les Hongrois ; sous Constantin XII Monomaque, chez les Petchénègues. Aussi l’un des titres dont le Basileus de Constantinople aimait à se parer, était-il celui d’Isapostolos, qui remplit le rôle d’un apôtre de la foi. Les annales de l’empire de Byzance peuvent supporter sans désavantage, le parallèle avec celles de l’occident aux mêmes siècles. Elles ont leurs turpitudes et leurs misères, leurs pages honteuses et sanglantes ; mais n’en avons-nous pas, nous aussi, de pareilles dans notre histoire ? Et à côté de ces taches, qu’il n’y a aucune raison de pallier ou de dissimuler, que de pages glorieuses et réellement épiques ! Que de services rendus à l’humanité et à la civilisation ! Ce peuple grec du moyen âge, que l’on s’est plu si longtemps à représenter comme amolli, efféminé, abruti, incapable d’effort viril, a eu dans sa longue carrière des époques incomparables d’énergie guerrière, des triomphes sur des ennemis for-