Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/176

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§ XIII. — Saint Grégoire de Nysse.


Il me serait assez difficile d’exposer ce qui regarde un passage de saint Grégoire de Nysse ; car en donner une analyse succincte ne ferait rien comprendre, et rapporter tout serait trop long. Zernicavius, auquel je renvoie le lecteur désireux de plus amples détails, consacre à cette question trois pages in-folio, (261—65). Il s’agit d’une transposition de ponctuation qui change le sens de ce qui y est dit, et de la soustraction de la particule δε qui empêche cette transposition. Elle fut perpétrée par

    était la propriété de notre puissant empereur, l’autre du patriarche sacré. De ces six exemplaires, cinq avaient le texte tel que je l’ai cité, c’est-à-dire qu’ils affirmaient que l’Esprit tient l’être du Fils et qu’il dépend de cette même cause, c’est-à-dire du Fils. Mais un seul, l’exemplaire du patriarche, était autre : quelqu’un avait coupé le texte, et avait ensuite ajouté et retranché certaines choses. — Plus tard, après le concile, m’étant proposé d’examiner presque tous les livres de ces monastères, j’ai trouvé que dans les plus récents, c’est-à-dire dans ceux qui ont été écrits après cette grande querelle, ce passage était coupé. Tous ceux, au contraire, qui étaient d’une main plus ancienne, et qui ont été composés avant la querelle des Grecs entre eux, tous ceux-là sont restés sains et entiers, et ils sont cependant en aussi grand nombre que les textes corrompus… Sur ces entrefaites, j’ai trouvé entre autres livres, au monastère du Christ-Sauveur de Pantepoptos, deux exemplaires de saint Basile ; l’un, sur parchemin, très-ancien, à en juger par la vue ; mais de quelle époque ? Je ne sais, car la date n’y était pas inscrite : l’autre, sur papier, qui datait d’au moins trois cents ans, car la date était inscrite à la fin. Ces deux exemplaires ont le passage de saint Basile ; seulement ces hommes audacieux, et d’une main plus audacieuse encore, ont coupé le passage. Mais la place est restée vide, et la moitié des syllabes subsiste, ce qui ne fait que trahir la supercherie et démontrer encore mieux la vérité. Dans un autre livre, une rature a été placée sur la phrase : « recevant l’Être de Lui et dépendant uniquement de Lui comme de sa cause. » Mais plus tard le texte tomba entre les mains de Démétrius de Cydon, qui a rétabli le texte altéré en accablant d’injures celui qui avait osé pareille chose. — Voilà où mène la discussion ; les nôtres osent dire après cela que ce sont les Latins et Veccos qui ont altéré les livres ! Et cependant le passage discuté est écrit en pur langage attique. Jamais un Latin, sût-il même très-bien la langue grecque, ne pourrait ainsi s’exprimer, car la langue latine a ses tournures et son génie propres… Et moi-même j’en suis un témoin compétent, moi qui sais et comprends la langue latine comme ceux des Latins qui l’ont le plus travaillée, et qui ne puis rien écrire en cette langue qui ait quelque mérite. » — Ce texte est d’une extrême importance ; il prouve combien les Grecs étaient sujets à caution, lorsqu’il s’agissait de manuscrits. (Mais de grâce, M. Vast, n’oubliez donc pas les Latins !)