Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/177

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les légats que Grégoire IX envoya à Germain patriarche de Constantinople, puis adoptée par Beccus. Mais dans les écrits d’Hugon Héthériane et dans ceux de Calekas, tous deux partisans du Filioque, mais qui ont vécu avant l’envoi de ces légats, et avant Beccus, ce passage est cité de manière à n’en pouvoir déduire la doctrine de la double procession. C’est, au reste, la leçon qu’on lit dans la Bibliotheca Patrum, edit. Colon, tom XII, lib. III, cap. XIII, pag. 408 et tom. XIV, lib. I, pag. 26 ; de même dans l’édition latine des ouvrages de Saint Grégoire, publiée également à Paris, tom. II, pag. 459. Quoi de plus clair pour démontrer que Beccus falsifiait selon son habitude le texte qu’il produisait. M. Laemmer ré-

    audacieux, et d’une main plus audacieuse encore, ont coupé le passage. Mais la place est restée vide, et la moitié des syllabes subsiste, ce qui ne fait que trahir la supercherie et démontrer encore mieux la vérité. Dans un autre livre, une rature a été placée sur la phrase : « recevant l’Être de Lui et dépendant uniquement de Lui comme de sa cause. » Mais plus tard le texte tomba entre les mains de Démétrius de Cydon, qui a rétabli le texte altéré en accablant d’injures celui qui avait osé pareille chose. — Voilà où mène la discussion ; les nôtres osent dire après cela que ce sont les Latins et Veccos qui ont altéré les livres ! Et cependant le passage discuté est écrit en pur langage attique. Jamais un Latin, sût-il même très-bien la langue grecque, ne pourrait ainsi s’exprimer, car la langue latine a ses tournures et son génie propres… Et moi-même j’en suis un témoin compétent, moi qui sais et comprends la langue latine comme ceux des Latins qui l’ont le plus travaillée, et qui ne puis rien écrire en cette langue qui ait quelque mérite. » — Ce texte est d’une extrême importance ; il prouve combien les Grecs étaient sujets à caution, lorsqu’il s’agissait de manuscrits. (Mais de grâce, M. Vast, n’oubliez donc pas les Latins !)