Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


APPENDICE B


Bessarion ennemi de l’omnipotence papale.


Après avoir stigmatisé, comme nous l’avons fait plus haut, la conduite du cardinal Bessarion, nous devons pourtant ajouter à sa louange, que même après avoir passé au camp de nos adversaires, il s’y montra toujours ennemi de la tyrannie de l’omnipotence papale, qu’il tâcha même d’abolir, en lui arrachant une charte. Voici ce que nous lisons à ce sujet dans M. Vast son historien : « Bessarion rédigea de concert avec Carvajal et Jacques Ammanati et fit approuver des lois qui allaient forcer le pape à partager avec son concile l’exercice de sa toute-puissance ecclésiastique. Presque toutes ces lois étaient destinées à établir la charte constitutionnelle de la curie romaine. Les cardinaux ne devaient, à l’avenir, jamais dépasser le nombre de vingt-quatre. Ils devaient être âgés de trente ans au moins, instruits dans le droit canon, le droit civil ou la théologie. Le pape promettait de ne pas choisir plus d’un cardinal de sa famille, et encore à condition qu’il remplirait les conditions ci-dessus indiquées, de prendre le suffrage des Pères pour le choix des cardinaux, non pas tout bas à l’oreille, mais tout haut, publiquement, chacun votant de sa place ; de les consulter pour déférer les bénéfices les plus importans de la chrétienté ; de n’accorder à aucun prince ni le droit de nomination, ni le droit de destitution des bénéficiaires. Pour disposer du patrimoine de l’Église, pour en diminuer les revenus, pour y faire la guerre, pour y mettre de nouveaux droits de douanes ou augmenter les anciens, il faudrait désormais l’assentiment des Pères. Le pape n’autoriserait à l’avenir aucun prince à lever des taxes sur le clergé ; il ne pourrait élever aucun de ses parents à la dignité de chef de l’armée pontificale. Il n’indiquerait pas ses ordonnances comme émanant du consentement des cardinaux quand leur avis n’aurait pas été pris effectivement. Comme sanction à cette charte nouvelle, les cardinaux devaient se réunir deux fois l’an, au 1er  mai et au 1er  décembre, en dehors du pontife, et délibérer entre eux pour savoir si ces constitutions étaient observées. Si elles ne l’étaient pas, et avec la charité