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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/66

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édition de Rome, conforme à celle de Paris. Mais les éditeurs postérieurs, voyant l’absurdité d’une telle invective, ont pensé que cela devait être la faute des anciens copistes ou éditeurs, et qu’ils devaient corriger le texte, pour l’adapter aux idées reçues. Ils ont donc mis dans la bouche de Nicolas, que les Grecs accusaient les Occidentaux de professer que le St-Esprit procède du Père et du Fils : Quod Sanctum Spiritum a Patre et Filio procedere dicimus ; ce qui était vrai, mais pour les Occidentaux seuls, surtout ceux du Nord, et non pour Nicolas et les Romains. Cette correction fautive, quoique faite sans malice, n’est donc qu’une altération arbitraire du texte primitif. La leçon donnée par Baronius est authentique et génuine. Baronius, fort content d’avoir découvert une chose qui devait aggraver la position des Orientaux, comme lançant des accusations absurdes et calomnieuses contre les Occidentaux, y a tenu bon, et a soutenu la vérité du texte primitif qu’il produisait sans s’apercevoir des conséquences de ce qu’il faisait.

Ces éditeurs correcteurs n’ont point compris la manœuvre de Nicolas, et s’ils l’eussent même comprise, ils se seraient bien gardés de la démasquer. Nicolas ne pouvait, en s’adressant aux Occidentaux du Nord, leur dire : les Grecs nous font une coulpe à Nous de Rome et à Vous des Gaules, de ce que nous professons que le St-Esprit procède du Père et du Fils, et se compromettre ainsi, non seulement envers les Orientaux, mais aussi