Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/15

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nudité morale de leurs clients, leur corruption, leur incapacité, leur incurie, leur abject matérialisme masqué sous les dehors d’un fanatisme de commande, ils se borneront à évoquer l’épouvantail de la Russie, le spectre du panslavisme, le testament de Pierre le Grand, les projets de Catherine II et autres topiques du même genre.

Qu’allez-vous faire ? s’écrieraient en chœur ces sublimes adorateurs de la liberté. Iriez-vous limiter la puissance ottomane dans l’Asie supérieure, sans les provinces occidentales et sans celles de l’Europe ? Mais ce serait la saigner à blanc, ce serait l’affaiblir jusqu’à la mort, ce serait rendre toute l’Asie une proie facile aux convoitises de la Russie. Allez-vous, d’un autre côté, former et constituer un État chrétien ? Quel aveuglement ! Si cet État est unitaire, son chef sera le vassal du czar ; s’il est confédéré, outre la vassalité, vous allez ouvrir une carrière illimitée aux intrigues des Moscovites. Ouvrez donc les yeux. Déjà le panslavisme inonde toute l’Europe orientale, en attendant le moment favorable de déborder vers l’Occident. La civilisation s’en va, préparez-vous à émigrer en Amérique.

Ce sera là le thème principal, ou plutôt l’unique, avec des variantes à l’infini. Aussi toute notre attention sera portée sur ce point, car, une fois emporté, le reste vient de soi : il ne s’agirait plus que d’un aménagement et d’arrangements à prendre.

C’est une tâche bien scabreuse, puisque nous nous voyons obligé, dans toutes les considérations que nous allons exposer, de nous placer involontairement sous un point de vue hostile à la puissance