Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

russe pour en arriver à montrer l’inanité de ces évocations.

Le beau service que vous allez rendre à votre cause et à votre pays, me dira-t-on, que de prendre une telle attitude envers une des grandes puissances dont le bon ou le mauvais vouloir apporte un si grand poids dans la balance où l’on pèse vos destinées !

C’est une force majeure qui m’y entraîne. C’est l’aveuglement ou la mauvaise foi de nos adversaires. Je me place donc en cette position, comme l’on fait en géométrie, quand on veut définitivement détruire la proposition de son contradicteur : on l’admet provisoirement, puis, peu à peu, on envient à démontrer les absurdités qui en découlent.

Dans ce travail je ferai allusion aux raisons pour lesquelles on peut penser que la puissance russe ne doit plus continuer à nourrir les projets qu’on lui attribue ordinairement. Je les admets cependant pour le moment, afin d’arriver à démontrer que la solution de la question d’Orient que je propose est la plus propre et la plus efficace à conjurer le danger de leur accomplissement.

Si elle tient à ces projets, qui peut nier que la Russie ne doive souhaiter que l’état actuel de choses en Turquie se prolonge indéfiniment ? En effet, on ne peut rien imaginer de plus faible que l’état de ce pays. Qu’y voit-on donc ? La ruine complète dans les finances, ce nerf principal de toute puissance, sans exception ; l’armée dans un état pitoyable et à laquelle il est dû de longs arriérés ; la corruption souillant tout le corps officiel, depuis les sommités gouvernementales jusqu’aux plus petits cadis de village ;