Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/33

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pourra devenir une des plus grandes et des plus imposantes dans la famille des peuples civilisés, le gouvernement qui aura présidé à son développement, un des plus puissants et des plus respectés parmi les pouvoirs qui régissent le monde.

Mais, me dira-t-on, dès que vous avez présenté ces musulmans tels que tout le monde les présente ; dès qu’on admet leur ignorance, leur présomption, leur incurie, leur incapacité, leur apathie, comment peut-on s’imaginer qu’ils puissent changer soudain de pensées et d’habitudes ? Comment peut-on espérer qu’après la limitation de leur puissance dans l’Asie supérieure, ils sauront acquérir les qualités nécessaires pour remplir le rôle que vous leur assignez ?

C’est précisément de cette limitation, de ce remarquable événement, qu’on peut attendre une révolution radicale dans les idées et dans la conduite des populations musulmanes. C’est alors que leurs yeux seront complétement dessillés ; c’est alors que, du plus grand au plus infime, du plus instruit au plus ignorant, tous comprendront d’une manière sensible la nullité de leur société anéantie ou épargnée, détruite ou éliminée, rectifiée, traitée ou arrangée au gré de la générosité et de la supériorité européennes. Une telle crise, qui doit fortement ébranler la société musulmane, sans la détruire pourtant, fera comprendre jusqu’à l’évidence que, si les musulmans ne savent profiter de ce nouveau répit qui leur est accordé, l’heure suprême de leur assujettissement perpétuel aux nations chrétiennes ne tardera point à sonner.

Du sentiment d’humiliation qui doit se produire de la parfaite connaissance de leur misère pourrait