Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/34

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naître la honte en même temps que le désir de s’amender : ce serait un premier pas vers leur future élévation. En définitive, on se laissera tirer par l’oreille, on se résignera à entrer dans une voie qui mène à la grandeur et à la prospérité, au lieu de vivoter dans un état d’abaissement et de mépris avec de bonnes chances de disparaître un jour totalement. Les Arabes, qui sont de race plus fine et plus intelligente que les Turcs, le comprendront plus facilement. Cette translation du siége de l’empire doit leur donner une plus grande influence dans les affaires que celle qu’ils ont aujourd’hui et préparer en outre la fusion de ces deux races encore si distinctes. On doit même espérer que de ce croisement sortiront des générations nouvelles qui participeront à ce qu’il y a de mieux dans les deux souches. Mais qu’on ne pense pas qu’une telle transformation de la société musulmane soit possible dans l’état actuel de son aveuglement et de sa stupide confiance ! Que l’on ne se berce pas de l’illusion que les populations musulmanes se soumettront docilement à de tels changements avant qu’une crise formidable ne vienne les sevrer de force du régime de l’opium politique dont elles se délectent à l’égal de l’opium végétal, et ne les tire de leur état normal d’assoupissement rêveur, où elles usent leur existence.

Nous avons parlé d’un chemin de fer qui doit relier la capitale de cet empire avec l’Égypte. Ceci nous amène naturellement à une autre question d’intérêt capital européen, celle du canal de Suez.

Comment se fait-il que, de toutes les puissances européennes, l’Angleterre seule s’est montrée rétive,