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tains groupes dispersés çà et là ; mais tout ceci ne fait impression qu’aux physiologistes et aux physiognomonistes : les foules s’attirent et sympathisent entre elles par la communauté de langage, à laquelle s’allie quelquefois la communauté de religion ; le reste n’attire pas trop leur attention.

Quand une partie quelconque d’une nation, forcée par les événements, a été réduite à adopter la langue d’une autre, elle a déjà cessé d’appartenir à la première : c’est ce qui est arrivé aux populations de la Prusse orientale, qui de slaves sont devenues allemandes ; de même à un grand nombre de Tartares assujettis aux Russes, qui sont devenus Slaves ; et, pendant le moyen âge, aux Bulgares, qui, ayant adopté la langue de leurs sujets, sont devenus Slaves, de Tartares qu’ils étaient. Des vicissitudes analogues font que diverses populations flamandes ou allemandes des provinces du Rhin se trouvent dans la voie de transformation par la superposition de la langue française.

Il est arrivé aussi qu’une population au langage barbare et inculte ait abandonné spontanément le sien pour adopter celui de son voisin plus poli et plus cultivé ; mais ces cas sont très-rares, tandis qu’on pourrait citer encore un grand nombre d’exemples pour ce qui regarde la première catégorie. C’est ce qui est arrivé anciennement dans la plus grande partie des parages de la Méditerranée et du Pont-Euxin au contact des colonies helléniques. Tout le monde barbare adoptait alors la langue en même temps qu’il embrassait les idées helléniques. C’est ce qui fit dire à Cicéron que les rivages de tous les pays barbares semblent