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frontières entre les États, afin qu’elles fussent naturellement tracées et plus facilement gardées et défendues.

En émettant cette opinion, on ne prenait pas en considération que les populations qui habitent ce territoire sont d’origine bulgare, parlent la langue bulgare, et que le petit nombre de Grecs établis dans les villes riveraines du Danube et de la mer Noire ne suffit pas pour servir de levain à l’hellénisation de tout ce pays. On oubliait même que les populations qui l’habitent, poussées par le courant des idées qui ont commencé à prévaloir depuis une quarantaine d’années, sont hostiles à cette fusion, et que dans cet éloignement elles se sentent appuyées par leurs proches voisins, les Serbes et autres populations de la Slavie du midi. Si l’on allait faire violence à leurs sentiments, au lieu d’ajouter des forces à l’État en question, on ne ferait qu’y jeter un élément de dissensions et de contestations avec les autres populations slaves du midi de l’Europe.

D’un autre côté, chez quelques-uns des Bulgaro-Serbes se manifeste en sens opposé une certaine convoitise qui les porte à penser que leur domination doit s’étendre jusqu’à la mer Égée et que Thessalonique et l’Hellespont ne doivent être que les débouchés de l’immense Slavie. Ils appuient cette prétention sur ce que jadis ces pays ont été dominés par eux sous leur grand roi Dushan. Mais si une occupation si éphémère pouvait donner naissance à de pareils titres, quels ne devraient pas être ceux des Grecs, qui ont dominé ces contrées pendant de longs siècles ? Dans les pays mêmes que les Slaves habitent