Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/68

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Quoi de plus humain et de plus politiquement prudent en même temps que de lui parler à peu près dans ce sens : « Puisque vous montrez tant d’intérêt aux chrétiens, si indignement et si cruellement éprouvés sous le joug des Turcs, nous applaudissons à ces généreuses dispositions, nous les partageons même. Nous faisons plus : au lieu de la protection que vous demandez à exercer sur eux, nous croyons plus convenable et plus juste d’agir de manière à mettre les populations chrétiennes en état de se passer de votre protection et de la nôtre. Réintégrons-les dans leur autonomie, établissons encore deux ou trois États chrétiens à la place de l’État turc, et finissons ainsi tous débats et tout motif de dissension entre nous à ce sujet. »

Qu’aurait fait alors le gouvernement russe ? S’il repoussait de telles avances — et les confidences faites à lord Seymour donnaient beaucoup à le supposer — il laissait découvrir que sa sollicitude pour les chrétiens de Turquie cachait le ressort de ses propres convoitises. La politique du gouvernement russe se trouvait prise dans ses propres filets. Les puissances occidentales auraient pu alors s’arrêter là ; ou, mieux encore, elles auraient pu en finir une fois pour toutes et entreprendre l’œuvre de l’honneur et de la vraie gloire par elles seules, même envers et contre la Russie si elle tentait d’y mettre obstacle en se déclarant pour la Turquie. Ne l’a-t-elle pas fait lors de la rébellion de Méhémet-Ali-Pacha ? Le cœur, la confiance, le dévouement de toutes les populations chrétiennes étaient alors totalement gagnés aux puis-