Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/69

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sances occidentales, et pour toujours ils leur seraient restés attachés.

On a fait aux Grecs nombre de reproches, non-seulement pour ne pas avoir su garder la neutralité pendant la guerre de Crimée, mais aussi pour ne pas avoir pris part à la guerre contre la Russie. C’était la faute de vieux préjugés. Les Grecs ne se sentirent pas capables de la noble ambition d’étonner le monde de leur ingratitude : ainsi se sont-ils attirés la mésestime de gens qui ne regardent pas de trop près sur les choses de cette nature. Il en eût été autrement pour les Grecs, comme pour tous les autres chrétiens de l’Orient, si l’on eût fait la guerre à la Russie alliée de la Turquie, et dans ces conjonctures le succès eût été plus décisif et en ses résultats immensément plus grand.

Mais pourquoi parler de succès grand ou petit ? Qu’a-t-on gagné à verser tant de sang et à prodiguer tant de trésors avec lesquels on eût pu conquérir et civiliser toute la surface du globe terrestre ? Toutes ces hécatombes, tous ces sacrifices, qu’ont-ils rapporté ? Rien qu’une mince tranche de Bessarabie ! Avantage immense, à en juger d’après la jubilation à laquelle on s’était livré lorsqu’on mettait la main à la grande opération. Cependant on a fait quelque chose de plus, on a réveillé le géant de sa torpeur ; on lui a fait comprendre par la plus saisissante des évidences les vices qui le minaient et les défauts qui l’affaiblissaient. La leçon a parfaitement profité. On a rendu la Russie incomparablement plus formidable qu’elle n’était auparavant, et la question