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de son pays… le comté de l’Islet dans Québec. Placide Bernier (c’était son nom) avait amené sa jeune femme avec lui ; il était l’un de ceux qui avaient résolu de se choisir un « homestead » dans la Saskatchewan. quoi qu’il dût en coûter de labeurs et de peines.

Comme bien d’autres de ses compatriotes et compagnons de voyage Placide Bernier n’était pas fort « argenté » ; mais il avait une petite fortune en santé, en courage, en énergie. Avec cela il possédait l’instruction classique. On dira bien que l’instruction classique n’est pas nécessaire pour prendre en mains la hache du colon… c’est peut-être vrai. Ce qui est non moins vrai, néanmoins, c’est que cette instruction est et peut devenir fort utile, en plus de l’agrément qu’elle apporte à celui qui la tient en portefeuille. L’instruction, classique ou autre, est toujours un capital qui, s’il ne comporte pas d’intérêts comme une rente, a du moins cet avantage d’être à l’abri des coups de bourse fatals ou des voleurs ; et il a encore cet avantage de se porter avec soi sans embarras.

Mais, avec cette instruction classique, pourquoi venir en si lointain pays de colonisation pour se soumettre aux plus rudes travaux manuels et s’exposer aux pires sacrifices comme aux pires misères ? quand, dans les grandes cités, un homme instruit peut se faire une remarquable position et vivre aisément et comme un « monsieur »… ?

Placide Bernier aurait répondu ceci :

— Je suis venu en ce pays de colo-