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billet de 3,000 dollars que vous me paierez à l’automne après le battage.

L’affaire fut arrangée après deux jours de réflexion.

Interrogé sur les avantages de ce marché, l’employé n’avait pas osé donner son avis. Il s’était borné à dire :

— Tout dépend des récoltes que vous aurez dans l’avenir : si les récoltes sont bonnes ou simplement moyennes, vous vous en tirerez certainement avantageusement.

C’est ainsi que Placide Bernier se vit propriétaire et son maître à la veille des moissons. Mais son maître. En était-il bien sûr ? Ne venait-il pas de se mettre sur les épaules un fardeau trop lourd : une dette de onze mille dollars sur laquelle il faudrait payer trois mille à l’automne : et il resterait huit mille à payer à raison de mille dollars par année et à sept pour cent d’intérêt !…

VII


Si Placide eût été expérimenté, il n’aurait certes pas accepté ce marché sans, du moins, avoir vu le rendement de la récolte qu’il allait bientôt moissonner. Il avait commis une première erreur, mais beaucoup moins grave, en acceptant un bail à des conditions quasi ruineuses. Mais l’achat de la ferme, aux conditions passées, pouvait tourner pour lui en catastrophe, si seulement il avait la malchance de manquer en tout ou en partie les quatre récoltes suivantes.