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que M. Moore était venu pour toucher… pour pas autre chose.

Naturellement, notre ami se sentait un peu timide et inquiet. Son inquiétude s’accrut en remarquant, lorsqu’il entama la question du billet à payer, que l’Anglais perdait à peu près tout son sourire coutumier. Et ce sourire — la chose devenait alarmante — s’effaçait entièrement à mesure que Placide progressait dans son histoire. Même qu’une fois M. Moore plissa le front d’une manière inquiétante, en entendant dire que cet automne-là il ne pourrait toucher plus que mille dollars. Mais Placide s’était raffermi, il parlait avec assurance et achevait ainsi :

— Vous voyez que nous n’avons pas été chanceux avec notre première récolte et que nous nous engageons dans la voie de durs sacrifices que ma femme et moi, d’ailleurs, sommes prêts à supporter avec courage. Pour vous qui avez de l’argent à placer, le placement ne saurait être plus sûr puisque vous détenez l’hypothèque sur la place. Je vous paierai le deuxième mille dollars au printemps avec l’intérêt et le troisième mille à l’automne ainsi que le mille dollars annuel