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à un endroit de passage ; là, tu les étaleras avec une demi-douzaine de ces plus gros pièges, et tu recouvriras le tout de foin sec auquel tu mettras le feu, ce qui enlèvera l’odeur humaine et fera de la cendre pour masquer. Tu as compris ?

« Si j’avais compris ? Le lendemain, connaissant un passage assez battu dans mon marais à foin, j’y fis un petit brasier pour servir de lit et, une fois éteint, j’installai au milieu mes « traps » avec des déchets de cuisine ; je brûlai là-dessus de l’herbe de marais par petites brassées, afin de ne pas bloquer avec un trop gros tassement de cendres, puis je m’en revins.

« J’allais régulièrement tous les jours à cheval visiter mon traquenard, mais sans succès, revenant chaque fois bredouille. Cela dura ainsi une semaine et plus et je commençais à perdre espoir quand, un beau matin, il me sembla voir de loin quelque chose remuer à l’endroit. Ô émotion !

« D’un coup de galop je me rapprochai et distinguai un superbe coyote gris-argenté, pris par les deux pattes de devant et qui me regardait fixement les oreilles pointées.

« Pour ne pas l’effaroucher, je descendis de cheval et me dirigeai lentement vers lui, armant mon fusil, ce qui ne laissa pas de l’inquiéter toutefois, car il fit quelques mouvements désespérés à droite et à gauche pour s’échapper. Mais reconnaissant l’inanité de tout effort, il me regarda venir résigné, hochant la tête de haut en bas, exactement comme s’il me saluait.

« Cependant, à courte distance, cet animal ultra-sauvage changea d’attitude ; il se mit à faire claquer ses mâchoires avec bruit, me montrant sa gueule ouverte.

« Je m’arrêtai pour le bien viser, et d’une balle dans la tête l’étendis raide.

« C’était une belle prise, car avec sa longue queue panachée, il mesurait près de cinq pieds ; mais ces bê-