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« Mais j’avais 20 acres de plus pour l’année suivante. Ô bonheur !

« Il me restait juste le temps de couper les foins avant la récolte. Je m’y mis immédiatement. En été il importe de ne pas perdre de temps ici.

« Je me rappelle particulièrement les foins de cette année-là parce que depuis jamais je n’ai vu pareille succession de jours de pluie et d’orages. Il n’y avait réellement pas moyen de faire quelque chose ; de plus à ce régime, le blé au lieu de tendre à mûrir reverdissait, sans parler des fréquentes menaces de grêle.

« Pour ce dernier fléau, il était en vérité peu à craindre, comme je m’en suis aperçu à la longue, vu que cette portion de territoire assez élevé ne se trouve pas sur le passage des nuages électriques lesquels, généralement, suivent les « coulées » environnantes, à savoir : la vallée du Jumping Lake au Nord et celle du Crooked Lake au Sud. Ici, nous n’avons encore été grêlés qu’une fois en un quart de siècle, mais les fermes placées dans les zones en question peuvent compter l’être en moyenne une année sur quatre. De là pour leurs propriétaires la nécessité de prendre une assurance contre la grêle : cependant, comme cela coûte des piastres, la plupart préfèrent courir la chance comme on dit.

« Au reste, si le paysan devait s’assurer contre tous les risques que court sa culture, il ne lui resterait absolument rien à manger. Comme je vous le disais tout à l’heure, c’est bien l’homme obligé par état de s’en remettre à une Providence, étant constamment à la merci des éléments ; voyez vous-mêmes !

« Sans parler des fléaux particuliers aux cantons du Sud, sur la frontière américaine, comme par exemple les vents dévastateurs des semis, les sauterelles, la rouille noire et surtout le terrible chardon russe dont la propagation a rendu