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DICTIONNAIRE

qui était protestant, craignant d’être persécuté dans son pays pour sa foi religieuse, suivit le duc, et qu’il mourut soit à Annecy, soit à Genève[1]. Il laissa deux fils, Baptiste et Jacques,

  1. Callet est plus affirmatif sur l’histoire des dernières années de Du Cerceau. S’appuyant sur un passage du Journal de L’Estoile, il dit qu’Henri III ayant déclaré à son architecte qu’il ne pouvait lui continuer ses faveurs qu’à la condition qu’il changeât de religion, l’artiste, qui s’était déjà exilé en 1572, s’expatria de nouveau en 1585, se rendit à Turin, ou il grava le plan de Rome antique de Pirro Ligorio, et mourut dans cette ville en 1592, à l’âge de soixante-seize ans. Mais Gallet n’apporte aucune preuve à l’appui de son dire, et l’on sait qu’en fait d’exactitude historique il est sujet à caution.

    Dans ces derniers temps, un chercheur, — et un trouveur. — M. Jal, dont les longues et patientes recherches ont doté l’histoire des personnes et des choses de tant de faits nouveaux et curieux, M. Jal. dis-je, dans son Dict. crit. de biogr. et d’hist., a consacré une intéressante étude à la famille des Du Cerceau. Seulement il s’est trompé en croyant soulever le voile qui nous cache la fin du célèbre architecte. Ayant découvert dans les registres du temple protestant de Charenton, conservés aux archives de l’état-civil, l’acte d’enterrement d’un Jacques Androuet Du Cerceau, il a cru qu’il s’agissait du grand Jacques, et il en a conclu que ce dernier n’était pas mort à l’étranger, mais dans son pays. Il n’a pas compris que le Jacques mort en 1614 est le second du nom et le fils du premier. En effet, non-seulement Jacques Ier, le graveur, travaillait déjà en 1539, mais le père Lelong (Bibl. hist., t. Ier) parle d’une édition de la carte du pays manceau qui porte la date de 1537. Or, si dès 1537 cet artiste avait acquis assez de talent dans son art pour être chargé de travaux destinés à la publicité, il faut admettre que sa naissance ne devait pas remonter moins haut que 1515 ou 1517. Ce qui le prouve, d’ailleurs, c’est le langage même de Du Cerceau, qui disait en 1579 : « La vieillesse ne me permet pas de faire telle diligence que j’eusse faite autrefois. » Eh bien, si l’on s’en tient à l’année 1517, c’est l’hypothèse la moins contestable, Du Cerceau serait donc mort presque centenaire ? La chose est possible sans doute, mais ce qu’il est absolument impossible d’admettre avec M. Jal, c’est que la Marie Androuet. « fille de déffunct Jacques Androuet », née en 1610 et mariée en 1627, soit sa fille. Le