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IX
INTRODUCTION.

rois dans les documents les architectes laïques, mais on ne connaît guère, de ceux qui ont échappé à l’oubli, que leurs noms ; encore ces artistes n’étaient-ils, le plus souvent, que des ouvriers mieux doués ou plus instruits que ceux qu’ils commandaient. Un des premiers en date est un certain Bérenger, mentionnéainsi dans un nécrologe chartrain du XIIe siècle : « IIII Kal. novembris (1180) obiit Berengarius, ecclesiæ artifex bonus ». Peut-être est-ce à lui qu’est dû le porche occidental de la cathédrale de Chartres, élevé sous l’épiscopat de Guillaume de Champagne, vers 1710 ? Un autre architecte laïque figure dans un état des censives de Montpellier à la date de 1201 ; son nom est Bertrandus et il est qualifié de « maistre de piera ». Un compatriote de ce dernier, Guillaume Alestra, qui travaillait en 1273, est mentionné dans une ancienne charte avec cette qualification : « magister lapidum ». Dans les documents languedociens de la même époque, et jusqu’au XIVe siècle, l’architecte est désigné sous les différents noms de « magister di petra, peyrerius, lapicida », dans les textes latins, et de « maistre de peyra » dans les textes en langue vulgaire.


Les architectes étaient d’ailleurs qualifiés très-différemment dans les diverses provinces françaises. Au XIIIe siècle, à Amiens, dans l’inscription gravée de l’ancien labyrinthe. Robert de Luzarches et Thomas de Cormont étaient désignés chacun comme « maistre de l’ouvraige ». Sur la tombe de Robert de Coucy, le nom de l’artiste est suivi de cette qualité : « maistre de Notre-Dame et de Saint-Nicaise ». À Paris, Eudes de Montreuil, architecte de saint Louis, n’est mentionné dans un ancien document qu’a titre de « maçon ». Pierre de Montreuil, dans l’inscription funéraire gravée sur la tombe à Saint-Germain-des-Prés, était qualifié, — grâce aux nécessités métriques du vers, — de « doctor lathomorum ». Jean de Chelles, l’architecte du transept de Notre-Dame de Paris, n’est encore qu’un modeste maçon (lathome). Raymond du Temple, architecte de Charles V et l’un de ses sergents d’armes, se contente d’être le « maçon du roy », ce qui ne l’empêche pas d’etre en meme temps un des plus grands artistes de son temps. À Rouen, en 1398, Jean Salvart figure dans une