Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VIII
INTRODUCTION.

charte du temps comme « maçon », bien qu’il eut alors la haute direction des travaux de la cathédrale. À la même époque. Simon Lenoir, architecte du bailliage de Senlis, et qui dirigeait les travaux du château de Pierrefonds, n’est simplement aussi que le « maçon du roy ».

Cependant, à Strasbourg, au commencement du XIVe siècle, le mot maçon n’avait pas la même signification que dans nos provinces françaises ; l’homme de l’art prenait la qualification de « maître tailleur de pierre (lapicida) ». Il se distinguait du maçon en cela qu’il se vouait presque exclusivement à l’édification des demeures seigneuriales et des édifices publics, laissant au maçon proprement dit le soin d’élever les habitations privées. Les maçons, je le crois, ne s’en considéraient pas moins comme de véritables maîtres d’œuvres, mais les artistes devaient former une sorte d’aristocratie soigneuse de sa prépondérance et ne se laissant pas confondre avec la classe secondaire des gens de métier. Cette séparation dura jusqu’à la Révolution

Vers la fin du XIVe siècle, les qualifications devinrent plus ambitieuses, Érard Maler s’intitulait, en 1369, « sénieur et maistre » de l’église Saint-Thomas de Strasbourg, édifice dont il éleva la tour occidentale. L’architecte du château de Chambéry, Jean Prindalle, prenait, en 1408, le titre de « magister imaginator ». Jacques Le Vaillant, dans un compte de la prévôté de Paris pour les années 1429 à 1431, est qualifié « général maistre de la maçonnerie du roy ». En 1440, Jean de Beaujeu était « maistre des œuvres royaux » à Nîmes, et en 1427, Pierre Gramain, « maistre des œuvres du roy », était chargé de faire un rapport sur la construction de la tour neuve de la cathédrale de bens. Ce titre de maître des œuvres ou de maître de l’œuvre finit par prévaloir et fut employé le plus souvent jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.

Les maîtres des œuvres du roi, ainsi que ceux du duc de Bourgogne, avaient des « lieutenants » dans chacune des résidences