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DICTIONNAIRE


CONSTANTIN DE JARNAC. — V. JARNAC (Constantin de).


CONTANT D’IVRY (Pierre), né à Ivry-sur-Seine en 1698, fut reçu membre de l’Académie royale d’archi-


    toute sa vie aux prises avec l’impossible. En effet, l’architecte ne construit pas seulement avec des idées, mais avec des pierres, et les pierres, Constant-Dufeux, comme Danjoy, dédaignait parfois de les faire entrer dans ses combinaisons. Tous deux, d’ailleurs, se laissèrent absorber par un certain idéal dans la contemplation duquel ils oubliaient trop le monde des sens. En comparant ces deux artistes, je n’entends pas les confondre. Ils rêvaient tous deux une sorte de réalité invisible prédominant la réalité visible ; mais ils n’étaient pas doués également pour la prétendue solution de ce problème chimérique. Chez Constant-Dufeux, c’était surtout l’esprit qui parlait ; chez Danjoy, c’était le sentiment. Aussi l’un avait moins d’abandon que l’autre. Le premier, maintenu par les attaches de l’école, n’aurait pas pu s’égarer très-loin dans le pays de l’impossible, tandis que l’autre, plus indépendant, s’y envolait volontiers les yeux fermés.

    J’ai souvent disputé avec ces deux excellents confrères, non que j’aie jamais eu la prétention de les faire descendre de leurs nuages, mais, je l’avoue, pour les confesser et étudier leurs systèmes. Avec Danjoy, cela se bornait à des causeries ; mais avec Constant, il fallait s’attendre il des discussions en règle. Bien que ce dernier n’eût pas l’élocution facile, il était fort loquace, et il s’ensuivit des discussions à n’en plus finir. Que de fois, pour échapper à sa tenace éloquence, n’ai-je pas affecté lâchement les hésitations d’un homme à demi convaincu !

    Constant-Dufeux avait condensé ses idées philosophiques dans certaines formules, consistant en quelques assemblages de mots qui résumaient à sa laçon son programme. Chaque année, à l’ouverture de son cours de perspective, il ne manquait jamais d’exposer sa doctrine il son jeune auditoire, et cela ne remplissait pas moins de trois leçons, Un jour que, dans un article de journal, j’avais hasarde une critique, d’ailleurs bienveillante, de cette doctrine, il s’empressa de m’écrire pour remettre sous mes yeux ses formules. Voici un extrait de cette lettre, datée du 5 mars 1857 :