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XIII
INTRODUCTION.

teur » ; mais dans l’édition de 1544 du Dictionnaire latin-français de Robert-Estienne, le mot architectus est encore traduit par ceux de « maître maçon ou charpentier » ; quant au mot français architecte, il ne s’y trouve pas encore, il ne figure que dans le Dictionnaire français-latin du meme auteur publié en 1373. Cependant ce mot, que n’avaient pas encore accepté les lexicographes, avait un équivalent à Rouen des 1514 : dans un ancien document connu de M. Deville, un maître menuisier nommé Colin Castille, qui exécuta à cette époque la grande porte en bois sculpté de la cathédrale, est qualifié d architector. Au surplus, le mot architecteur avait été introduit dans notre langue plus d’un siècle auparavant, en 1408, par Christine de Pisan, dans son « Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V ». Au chapitre XI, livre iii de cette histoire, elle dit : « Si s’ensuit que les architecteurs, c’est assavoir les disposeuis de l’œuvre, scevent les causes des besoignes » ; et plus loin, que Charles V, « sage artiste, se démontra vray architecteur, deviseur certain et prudent ordeneur ». Évidemment Christine est le premier écrivain qui ait francisé le mot architettore qu’elle avait rapporté d’Italie, et qui n’était autre que celui d’architectus, employé par Vitruve et que les Romains avaient emprunté aux Grecs. Toutefois il paraît établi que cette qualification d’architecte ne fut naturalisée en France que lors de l’invasion des artistes italiens à Fontainebleau, et que c’est à Serlio qu’elle fut donnée pour la première fois.

Quoi qu’il en soit, les anciennes qualifications continuèrent à avoir cours. Dans une ordonnance de payement des travaux de la chapelle du château d’Anet, Jean De l’Orme prend, à la date du 25 février 1548, le titre de « maître général des maçonneries du royaume ». Son frère Philibert était alors « inspecteur et surintendant des bâtiments royaux à Fontainebleau, Saint-Germain, etc. »


La charge de surintendant des bâtiments paraît avoir été créée par Henri II pour Ph. De l’Orme ; mais, à la mort de ce prince, le célèbre architecte étant tombé en disgrâce, il en fut dépossédé