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xiv
INTRODUCTION.

au profit de Primatice. Quant à la surintendance des travaux des Tuileries, c’est à une femme qu’elle échut : Catherine de Médicis la donna à Mme du Perron[1].

Sous le règne de Charles IX, le titre de surintendant paraît avoir été supprimé ; il n’en est plus question dans les documents de cette époque, mais on y retrouve cette autre grande charge de « maître général des œuvres de maçonnerie du royaume » dont Jean De l’Orme était investi en 1548. Cet office fut donné, par lettres patentes du roi en date du 7 novembre 1573, à Simon Alix, qui, trois ans plus tard, le 13 avril 1576, prêta serment à Henri III en la même qualité. Ce maître général avait droit de justice pour « corriger, amender et réprimer les abus et malversations que pourroient commettre les subjccts à icelle justice ». Il présidait à la réception des maîtres de différents métiers[2], inspectait leurs travaux, faisait vérifier la qualité des matériaux, etc. Les contraventions aux règlements de police donnaient lieu à des amendes dont une part revenait au maître général, et, « s’il luy vouloit éfforcer (le contrevenant), le maître le deuroit faire scavoir au Prévost de Paris, et le Prévost de Paris luv devoit abattre la force ».

Ces charges, comme tous les offices royaux, devinrent très-probablement vénales dès le règne de Louis XI ; cependant je

  1. Dans un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale et qui a pour titre : « Noms de Messieurs les Surintendants des bâtiments du Roy, etc. », il est dit : « 1566. Dame Marie de Pierrevive, dame du Perron, l’une des dames ordinaires de la Chambre de la Reyne mère du Roy, ordonnoit des bastiments du chasteau des Tuilleries suivant l’advis de Me Philibert De l’Orme, qu’elle avoit commis pour visiter les bastiments. » (Collect. Delamarre, t. CXXXI, fol. 10.) Berty, en citant ce passage du manuscrit dont il s’agit, fait observer que Catherine avait partagé les grandes charges de la cour entre plusieurs dames de sa maison.
  2. Ces métiers comprenaient les « mortelliers, plastriers, chaufourniers, carriers, jardiniers, pionniers (terrassiers), préauliers ». Les préauliers étaient vraisemblablement les ouvriers chargés d’afïermir et de rendre étanche le sol des préaux, c’est-à-dire des cours. Je crois qu’on peut assimiler ces ouvriers à ceux qui battent aujourd’hui les aires de salpêtre et qu’on appelle vulgairement salpêtriers.