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XVII
INTRODUCTION.

Les fonctions de l’architecte étaient, on le voit, multiples, et ses attributions nombreuses, surtout pendant le moyen âge. Il n’existait pas alors, comme aujourd’hui, d’intermédiaire entre lui et l’ouvrier ignorant de sa tâche ; il n’avait pas « l’entrepreneur », auquel suffisent des plans bien arrêtés, des instructions précises, pour traduire ensuite aux exécutants la pensée du l’homme de l’art. L’architecte était en rapport direct avec l’ouvrier ; il traitait avec ce dernier, achetait lui-même les matériaux, traçait les épures, toisait les ouvrages exécutés et établissait les comptes. Il faisait plus encore : un registre des comptes du collège de Beauvais, de 1377 à 1382, relatif il la construction de la chapelle de ce collège, nous montre Raymond du Temple, l’architecte de Charles V, se rendant de sa personne en place de Grève, à Paris, pour lire à haute voix son devis aux ouvriers et leur faire signer l’engagement d’exécuter le travail projeté, selon les prescriptions contenues dans ledit devis. Lorsque, plus tard, l’entrepreneur proprement dit apparaît dans les travaux de construction, ce n’est pas encore l’industriel que nous connaissons, ce n’est guère qu’un chef d’atciier travaillant à façon, car les matériaux lui sont fournis par l’administration ou le particulier qui fait bâtir, et il ne bénéficie que sur la main-d’œuvre. À la fin de l’entreprise, l’architecte faisait la réception des ouvrages exécutés par les ouvriers, mais l’ensemble du travail était ensuite soumis à d’autres maîtres, â des confrères de l’architecte, lesquels venaient à leur tour contrôler ce dernier. Cette mesure n’avait évidemment rien d’offensant pour celui qui en était l’objet, car, en 1506, on voit un des plus célèbres architectes du temps, Martin Chambiges, contrôlé à la cathédrale de Troyes par « ung nommé Michel, maistre maçon de Saint-Nicolas en Lorraine » ! Après examen, ces maîtres résumaient les faits de leur mission et exprimaient, dans un rapport collectif très-précis, très-détaillé, leur avis motivé sur l’œuvre qui leur avait été soumise. Cette façon de pro-

    visiter les carrières, les moulins ; de faire l’estimation des terres, prés, bois, pâtis et autres, u à l’exclusion de toutes personnes, suivant et aux peines portées par lus édits et déclarations ». (Alm. royal, 1783.)