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GARNIER D’ISLE (Jean-Charles), contrôleur général des bâtiments du roi, naquit en 1697 et mourut en 1755. Il reçut, le 3 décembre 1730, son brevet de dessinateur des plants et parterres des jardins du roi, à la place de Charles Desgots, son beau-père, démissionnaire. Il fut aussi l’un des architectes de la marquise de Pompadour, et, à ce titre, chargé, en 1748, avec L’Assurance, de la création du château et des jardins de Bellevue. Il entra à l’Académie d’architecture en 1724. On doit aussi à Garnier d’Isle les

    de bon et d’honnête dans cette généreuse nature. Garnaud, mort à soixante-cinq ans, avait conservé intact cet enthousiasme qui s’éteint trop souvent avec le feu des jeunes années. Après un demi-siècle d’étude et de labeurs opiniâtres, il avait encore la même foi en son art : l’architecture était restée pour lui un culte comme au premier jour. Bien que, dans tout le cours de sa longue carrière, il n’ait pu réaliser que bien peu de ses rêves d’architecte, Garnaud n’avait pas pour cela perdu l’espérance ; il comptait encore sur l’avenir ! Dieu veuille que cet honnête homme ait conservé jusqu’au moment suprême ces illusions qui furent la consolation de sa vie et le stimulant de ses longs travaux !

    Dans les dernières années de sa vie, Garnaud s’était donné cette grande tâche de trouver pour nos monuments religieux une forme nouvelle. Les édifices chrétiens du moyen âge n’étant plus, disait-il, en rapport avec nos croyances, il cherchait une architecture qui, selon lui, repondît plus exactement aux besoins du XIXe siècle. Malheureusement cette recherche d’une sorte de pierre philosophale devait être et fut, on s’en doute, pour le consciencieux artiste une trompeuse illusion. Les architectures ne sortent pas ainsi, hélas ! tout armées du cerveau d’un architecte quelconque : c’est le temps, ce sont les siècles qui les font bien plus que le génie de l’homme, mais lentement, insensiblement, par une sorte d’incubation qui échappe le plus souvent à nos sens, et dont nous ne saisissons que plus tard les résultats. Ge que la poursuite de cette chimère a causé de méditations et de travail à cet infatigable artiste, on ne saurait le dire ; mais ce qu’on peut affirmer, c’est que la lutte incessante qu’il a si vaillamment soutenue dut abréger ses jours.