Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXIX
INTRODUCTION.

trouve pour le XVIIe siècle qu’un exemple d’honoraires proprement dits ; il s’agit d’un hôtel construit à Saint-Germain-en-Laye, par Antoine Lepautrc, pour le comte de Lauzun, et d’une somme de 4,500 livres reçue par l’artiste, à valoir sur celle de 5,000 livres qui lui était due. Mais le document qui m’a fourni ce renseignement, une lettre de Louvois[1], ne mentionne pas le chiffre de la dépensé à laquelle donna lieu la construction dont il s’agit. Là encore il m’a été impossible de constater quel était le taux des honoraires.

Il faut descendre jusqu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle pour trouver un exemple d’honoraires proportionnels dont le caractère ne peut être mis en doute ; cet exemple est relatif au grand théâtre de Bordeaux. En 1773, les honoraires de Louis, l’architecte de cet édifice, furent fixés à 7 1/2 p. 100 du montant de la dépense. C’est là certainement un taux assez élevé, mais il ne faut pas perdre de vue que le célèbre architecte habitait Paris, et que, probablement, ces honoraires étaient calculés pour l’indemniser en même temps de ses déplacements et frais de voyage.


Quel que fût le mode de rémunération adopté par les architectes, leurs vovages étaient pavés à part. J’en trouve un premier exemple à Sens en 1320 : De Chaume s’étant rendu à Paris pour acheter de la pierre destinée aux travaux de la cathédrale de cette ville, il lui fut payé pour son voyage 215 fr. 40 c.[2] En 1400, un architecte parisien, Jean Aubelet, fut mieux traité encore : étant allé de Paris à Troyes pour donner son avis sur des travaux projetés à la cathédrale, il reçut pour ses honoraires et frais de voyage la

  1. Cette lettre a etc publiée dans les Archives de l’art français (2e série, t. II).
  2. L’architecte diocésain de Sens, qui habite Paris, est loin d’être aussi bien traité : ses voyages ne lui sont payés qu’à raison de 2 francs par myriamètre, soit 44 fr. 80 c. pour l’aller et le retour, plus 10 francs par chaque jour d’absence. Il est vrai qu’il peut franchir la distance de Paris à Sens en trois heures, et que son confrère du XIVe siècle ne devait pas employer beaucoup moins de trois jours pour se rendre d’une ville à l’autre.