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Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome II.djvu/236

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DES ARCHITECTES FRANÇAIS

« Mémoire sur la nécessité de transférer et de reconstruire l’Hôtel-Dieu de Paris. » 1785. — « Projet d’une nouvelle salle d’Opéra à construire sans qu’il en coûte rien au gouvernement, et qui ferait disparaître le déficit annuel qui est à sa

    suis un aristocrate ? Vincent s’est-il trouvé, comme moi, à toutes les époques révolutionnaires ? — Je suis un aristocrate ? Vincent a-t-il surveillé, comme moi, dans les nuits des 7, 8 et 9 août 1792, le tyran qui voulait s’échapper des Thuileries ? A-t-il, comme moi, arrêté un homme que l’on m’assurait être Capet, qui lui ressemblait beaucoup, et qui n’était que Boutidoux ? — Je suis un aristocrate ? Vincent a-t-il, comme moi, vu de près le feu du 10 août ?… De très-honnêtes gens ne manquent pas de rappeler que je dois être un aristocrate parce que j’ai été l’architecte de Breteuil ; oui, je l’ai été, mais je laissais à d’autres le soin de le monseigneuriser, pour l’occuper de projets vraiment utiles… J’osai même, avant la Révolution, proposer à ce despote de démolir la Bastille, pour y former une place publique… » Je m’arrête, car dans cette apologie de soi-même le ridicule l’emporte vraiment sur l’odieux. Et puis, ne faut-il pas faire la part de ces temps extraordinaires, où tout était si profondément troublé chez les hommes, même le sens moral ? Poyet, comme bien d’autres, ne se montra violent que pour conjurer les violences qui eussent pu l’atteindre, et ses preuves de civisme ne furent peut-être que les actes d’un poltron. Toujours est-il qu’en 1806 son jacobinisme s’était sensiblement refroidi, car, à cette époque, il publia un « Projet de monument à élever à la gloire de Napoléon Ier ». La chute de l’Empire vint à son tour modifier encore les convictions politiques de Poyet ; il peine les Bourbons étaient-ils remontés sur le trône qu’il proposa « à tous les bons français » de rendre à ces princes un « Hommage national destiné à consacrer l’époque fortunée du retour de S. M. Louis XVIII et la réunion de tous les français autour du trône légitime ». Cet hommage devait consister en un « Monument simple et majestueux, d’une conception nouvelle…, une colonne colossale de trois cents pieds de hauteur, placée sur la montagne de Montmartre, dans l’alignement de la rue Royale, en face du palais occupé par les représentants de la nation » Je veux croire que les accents convaincus du royalisme de Poyet trouvèrent un écho dans le cœur de « tous les bons Français »,