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Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome II.djvu/285

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DICTIONNAIRE

artistes italiens. Philibert De l’Orme devint inspecteur général des bâtiments royaux, et Serlio, qui n’avait de raison d’être à Fontainebleau que comme complément de Primatice, dut disparaître avec ce dernier. Il partit bientôt pour retourner en Italie et, chemin faisant, s’arrêta à Lyon, déjà vieux, goutteux et pauvre. Pendant les quelques années qu’il séjourna dans cette ville, il fit un projet de « loge pour les marchands » et

    leurs, « il n’y a rien d’absolument italien, dans cette construction que les couvertures en terrasses ». Mais si, comme M. Charvet l’a remarqué lui-même, les artistes italiens qui vinrent en France sous François Ier eurent à cœur d’adopter la « manière française », il est assez naturel de ne pas trouver là une manière absolument italienne, qui eût été, en effet, un non-sens. Au surplus, ces « couvertures en terrasses » ne sont pas, dans la structure du château de Saint-Germain, le seul indice d’une influence italienne ; à ces terrasses il faut ajouter les balustrades, qui en sont, il est vrai, la conséquence, et les entraits ou tirants de fer qui relient les murs de face au deuxième étage en traversant le vide des appartements. Ces tirants sont bien italiens ; on les retrouve partout en Italie, même dans les églises : quand ils ne sont pas en fer, ils sont en bois. Un architecte français de cette époque eût renforcé les points portants de ses façades, sinon par des contre-forts franchement accusés, au moins par des pilastres saillants ou des colonnes engagées ; il n’eût pas maintenu l’écartement des murs d’un château royal par un aussi brutal expédient, par ces affreuses barres de fer qu’on ne retrouve d’ailleurs dans aucun des monuments de la Renaissance analogues à celui-ci. Contrairement donc à M. Charvet, je suis disposé à croire que Serlio a coopéré dans une certaine mesure au château de Saint-Germain. Le témoignage de Félibien, à cet endroit, ne me paraît pas tant à dédaigner que M. Charvet veut bien le dire ; Félibien, qui écrivait en 1672, n’était guère séparé que par un siècle de l’époque où Serlio termina sa carrière, et la tradition devait être encore dans toute sa vérité. Indépendamment de la tradition, l’historien des artistes eut d’ailleurs très-probablement à sa disposition des documents positifs qui nous manquent aujourd’hui. Quant aux appréciations du Félibien critique, je les abandonne très-volontiers à M. Charvet.