l’Italie. À Rome il connut le duc de Saint-Aignan, ambassadeur de France, qui lui fit donner une place de pensionnaire à
Laurent Cars en 1757, notre architecte aurait vu le jour dès 1694. Aucune de ces dates n’est la vraie. Cette dernière, d’ailleurs, est impossible, si l’on considère qu’au mois de février 1755, Wleughels, directeur de l’Académie de franco à Rome, écrivait au duc d’Antin, alors surintendant des bâtiments : « Soufflot, tout jeune qu’il est, a beaucoup de mérite en architecture, et il y a lieu de croire qu’il ne fera pas déshonneur à l’Académie » (Gaz. des beaux-arts, sept. 1869). En effet, si Soufflot avait eu alors quarante et un ans, Wleughels ne l’eût certes pas trouvé si jeune. Quant aux dates de 1713 et 1714, elles sont peu probables, et voici pourquoi. D’une notice historique sur le célèbre architecte, écrite par Adry et dont je possède le manuscrit original, il résulte que le jeune Soufflot, après avoir terminé à Paris ses études classiques, rentra au foyer paternel, y passa un certain temps, puis, poussé par la vocation, s’enfuit un beau jour pour aller à Lyon étudier l’architecture. Or, non-seulement il prit le temps de faire dans cette ville son apprentissage d’architecte, mais il trouva plus tard celui de s’y livrer à un travail fructueux afin d’amasser l’argent nécessaire pour entreprendre le voyage d’Italie. Combien de temps Soufflot dut-il séjourner à Lyon, on ne saurait le dire ; mais ce qu’on peut considérer comme certain, c’est qu’il devait avoir plus de vingt ou vingt et un ans lorsqu’il entra, en 1734, à l’Académie de Rome. D’un autre côté, Adry nous apprend, par sa notice, qu’après avoir passé trois ans à Rome, Soufflot visita l’Asie Mineure et revint à Lyon en 1737, où il bâtit non-seulement l’église des Chartreux, mais l’Hôtel-Dieu ! Est-il croyable qu’un jeune homme de vingt-trois ou vingt-quatre ans ait pu être chargé de deux édifices de cette importance ? Ces invraisemblances me préoccupaient depuis longtemps, lorsque le hasard me mit sous la main les Archives de l’Yonne, publiées par M. Quantin ; j’y fis immédiatement des fouilles et je fus assez heureux pour y trouver cet extrait du registre des baptêmes de la commune d’Irancy : « L’an 1709, le 5 du mois de janvier, a été baptisé Jacques-Germain Soufflot, fils d’honnorable homme Germain Souftlot et d’honnête femme Anne Rojot ». Soufflot est donc de 1709 ; aucun doute ne peut plus subsister à cet égard.