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Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome II.djvu/66

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DES ARCHITECTES FRANÇAIS

avoir préludé à l’architecture civile par l’architecture militaire : il fortifia, par ordre de Mazarin, plusieurs villes de Picardie. On sait qu’il succéda à Lemercier comme architecte du Val-de-Grâce ; c’est lui qui acheva l’église de ce monastère, que son prédécesseur avait élevée jusqu’au premier entablement [1]. C’est également à lui qu’on doit la façade de cet édifice. Il donna les plans de l’église des Petits-Pères, mais ne paraît pas avoir présidé à sa construction. On cite parmi les autres œuvres exécutées par lui à Paris : l’hôtel qu’il bâtit ou restaura pour le comte d’Avaux, rue Sainte-Avoye, et qui devint plus tard la propriété du duc de Beauvilliers ; l’hôtel de Luynes, bâti pour Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse [2] ; l’hôtel de l’Aigle et celui du président Tubeuf. On doit aussi à cet artiste le château de Tanlay, dont il commença les travaux en 1643, et où il dépensa 2 millions et demi ; le château de Chavigny, en Touraine ; celui de Pont, en Champagne (gravé par Marot). Lemuet a publié les deux ouvrages suivants : « Manière de bien bâtir pour toutes sortes de personnes, par Pierre Lemuet, architecte ordinaire du roy et conducteur


    Il est vrai que la date de 1591, donnée par tous les biographes, n’est appuyée d’aucune preuve.

  1. Le livre de dépenses de la reine Anne d’Autriche (Bibl. nat.) contient la mention suivante : « Au Sr Lemuet, architecte des bastiments du Roy, la somme de 3,000 liv. tourn. pour les appointemens qu’il plaist il Sad. Majesté luy accorder pour chacun an durant le temps quil vacquera à la conduitte dud. bastiment de l’esglize du Val de Grâce, et ce, par brevet du 5 mars 1645, pour une année commencée le 1er jour de janvier 1655 et finissant le dernier jour de décembre ensuivant audict an. »
  2. Cet hôtel était situé rue Saint-Honoré, près des Jacobins. Il fut restauré en 1715 et agrandi. On trouve dans l’Architecture française, de Blondel, les plans de son état primitif En 1748, les murs et le plafond du grand escalier de cet hôtel furent peints par Brunette père et fils, et restaurés en 1843.