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celui-ci demanda à parcourir les diverses chambres pour voir quel sera le châtiment des vivants après leur mort. Sa femme le mena dans une de ces chambres où il vit une énorme cangue. Tout effrayé de cette vue, il dit à sa femme de le mener auprès du maître de cet enfer et demanda à celui-ci comment il se faisait que cette cangue restât vacante. « Je la réserve, répondit l’autre, pour le thù Huon. — Quel crime a-t-il donc commis sur terre, demanda le thù Huon. — Quand il était tho lai, dit le juge infernal, si quelqu’un avait commis une faute légère, il le poussait à la mort[1]. Avec lui l’innocent devenait coupable ; il prêtait à intérêt, et les intérêts accumulés finissaient par égaler je ne sais combien de fois le capital ; il a ainsi souvent manqué à ses devoirs d’humanité. — S’il en est ainsi, dit le thù Huôn, sa femme n’est-elle pas punie elle aussi ? — Non, répondit le juge, le crime est du fait du mari et seul il sera châtié ». Le thu Huôn lui demanda alors ce qu’il devrait faire pour laver ses fautes et l’autre lui dit qu’il devait dépenser son bien en cérémonies expiatoires et en aumônes.

Le thù Huôn dit à sa femme de le ramener bien vite sur la terre au marché de Manh ma d’où il retourna tout droit à Gia dinh. Il fit venir des bonzes et distribua de nombreuses aumônes, si bien qu’au bout de trois ans il avait dépensé les sept dixièmes de son bien. Il revint alors au marché de Manh ma et attendit sa femme pour la prier de le ramener aux enfers voir ce qu’était devenue la cangue qui lui était destinée. Sa femme y consentit et il trouva la cangue rapetissée des neuf dixièmes. Il en fut tout joyeux et demanda au maître de cet enfer comment il se faisait que cette cangue qui était si grande se fut ainsi réduite. Celui-ci lui répondit : « C’est parce que, sur la terre, le thù Huôn a fait des cérémonies et des aumônes,

  1. Toi song làm ra chêt, toi phai làm ra quây.