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d’un temps assez long que la fille s’aperçut qu’elle n’avait pas affaire à son amant.

Elle se mit à pleurer et querella Trân van thac sur l’erreur qu’il avait laissé se commettre ; l’autre s’excusa comme il put, et la fille, ne pouvant retourner chez ses parents, se décida à en faire son mari. Elle lui fit revêtir de beaux habits qu’elle avait dans sa cassette, et ils allèrent tous les deux dans un autre pays.

Là, ils virent un individu riche qui avait une maison que personne ne pouvait habiter, à cause des fantômes qui la hantaient. La fille dit à Trân van thac de demander au propriétaire la permission d’y coucher une nuit. Le matin venu, le propriétaire lui demanda s’il n’avait rien vu, l’autre lui répondit que non. Le propriétaire l’y laissa alors coucher deux autres nuits.

Pendant la nuit le génie de la richesse révéla à Trân van thac que dans les pièces latérales il y avait des trésors enfouis. « Voici longtemps que je les surveille, lui dit-il, maintenant je te les remets. D’un côté il y a de l’argent, de l’autre de l’or. » Trân van thac entendit une voix qui lui parlait ainsi mais ne vit personne. Il alla aussitôt dans les pavillons et y trouva les trésors.

Le lendemain matin le propriétaire lui demanda si pendant ces deux nuits il n’avait rien vu. Trân van thac s’informa s’il avait quelque chose à lui dans la maison, l’autre lui répondit qu’il n’y avait rien laissé. Trân van thac raconta cela à sa maîtresse qui lui dit : « Ce sont donc des trésors que le génie des richesses vous a réservés. Allez au village faire connaissance avec quelques personnes afin de les envoyer faire au propriétaire la proposition de vous vendre cette maison puisqu’il ne l’habite pas. » Le propriétaire, qui l’avait achetée trente barres d’argent, la donna pour trente-cinq. La fille dit alors à Trân van thac : « Tout ceci est l’œuvre du Ciel qui nous avait destinés l’un à l’autre. »

(1) Ông tai thân.