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XL

ASSASSINAT D’UNE JEUNE BONZESSE.



Dans la province de Nghè an vivait une jeune fille qui appartenait à une famille riche. Au temps de la révolte des Tày son, tous les membres de cette iamille furent dispersés. La jeune fille se réfugia à la pagode de Thièn phuoc où elle se livra à la pénitence. Un jour, comme les bonzes étaient allés avec leurs disciples à une fête, elle se trouva seule dans la pagode. Elle porta son ouvrage derrière la pagode et se mit à se promener dans le chemin. Tout à coup passa une bande de dix écoliers qui, la voyant ainsi seule et d’ailleurs jolie, l’entourèrent et lui firent violence. Quand les bonzes revinrent, ils la trouvèrent morte sur le chemin. Ils appelèrent vite au secours et allèrent dénoncer aux autorités ce qui était arrivé. Les voisins, interrogés, racontèrent qu’ils avaient vu passer une bande de dix écoliers. On arrêta ceux-ci ; ils convinrent qu’ils avaient taquiné cette fille, mais dirent qu’ils ne lui avaient fait aucun mal. Le magistrat leur demanda qui avait le premier porté la main sur elle. Chacun des dix écoliers s’accusa de ce fait. Le juge fut embarrassé. Il n’y avait qu’une morte, il ne pouvait condamner dix personnes pour l’avoir tuée. Il demanda au bonze où était la famille de la jeune fille. Celui-ci répondit qu’il ne la connaissait pas et qu’elle était venue toute seule pour entrer en religion. Le juge alors condamna chaque écolier à payer une amende de cent ligatures, à porter le deuil de leur victime[1] et à lui faire

  1. C’est là le détail le plus intéressant de cette historiette qui nous raconte la fondation d’une chapelle inconnue.