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Quand le mari revint à la maison, entendant pleurer son enfant, il demanda à sa mère où était sa femme. La mère répondit qu’elle ne l’avait pas vue de la demi-journée. Le mari se douta de ce qui était arrivé ; il courut au grenier à riz et vit qu’il n’y avait plus de riz, et que les habits de la fée avait disparu. Sa mère lui dit qu’elle avait vendu tout le riz. Quand il vit le peigne fixé aux vêtements de son fils, il comprit que la fée l’avait quitté.

À la suite de cette aventure, il ne pouvait se consoler ; il prit son fils et se rendit avec lui à la fontaine ; mais il ne vit plus la fée descendre se baigner, seulement des servantes venaient y puiser de l’eau. L’homme eut soif ; il leur demanda à boire et leur conta ses malheurs. Pendant qu’il leur faisait ce récit, le petit garçon laissa tomber son peigne dans une des jarres.

Quand les servantes versèrent l’eau, on trouva le peigne au fond de la jarre. La fée leur demanda d’où venait ce peigne ; les servantes ne surent que dire. Leur maîtresse voulut savoir si elles avaient rencontré quelqu’un près de la fontaine. Elles répondirent qu’elles avaient vu un homme portant un enfant, qui leur avait demandé à boire et leur avait dit qu’il cherchait sa femme, sans pouvoir la rencontrer.

La fée alors charma un mouchoir qu’elle remit aux servantes. Elle leur ordonna de retourner à la fontaine, et si l’homme y était encore, de lui dire de mettre ce mouchoir en guise de turban et de les suivre. Les servantes obéirent et ramenèrent le mari de la fée.

Les deux époux se voyant réunis, furent transportés de joie. Au bout de quelque temps, le mari demanda à la fée comment elle avait eu le cœur de l’abandonner ainsi. La fée lui répondit : « Les unions des mortels et des génies ne peuvent être longues. C’est pourquoi j’ai dû vous abandonner ; mais, vous sachant affligé, je vous ai fait venir ici pour vous consoler de votre cha-