Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’on raconte que, toujours à cette date, a lieu, en un lieu ou en un autre, le sacrifice funéraire. L’étoile du matin paraît le matin, l’étoile du soir paraît le soir ; ce sont les deux époux qui se cherchent dans le ciel et ne peuvent se rencontrer.


II

Une famille riche avait deux enfants : un garçon et une fille. Le garçon était un mauvais sujet ; il prit de l’argent à ses parents, alla jouer et perdit tout. Ses parents le menacèrent de le battre, il eut peur et prit la fuite.

Par la suite il revint inconnu dans son pays, et au bout de quelque temps se maria, sans le savoir, avec sa sœur, et il en eut un enfant. Un jour qu’il chassait les poux sur la tête de sa femme, il remarqua la cicatrice d’un coup de couteau. Il lui demanda ce que c’était, et elle lui raconta qu’étant petite, un jour qu’elle mangeait de la canne à sucre avec son frère, celui-ci lui avait involontairement porté un coup de couteau sur la tête. À ce signe le mari reconnut qu’il avait épousé sa sœur.

Saisi d’horreur il dissimula cependant la vérité, mais il équipa un bateau sous le prétexte d’aller faire du commerce et ne revint jamais plus. Au bout de quelque temps, sa femme ne le voyant pas reparaître se mit à sa recherche, mais ne put le retrouver. Après leur mort, le mari fut transformé en l’étoile du matin, la femme en l’étoile du soir ; leur enfant devint la constellation du fléau[1], qui est au milieu du ciel, et attend éternellement l’étoile du matin et l’étoile du soir.



    Tué thôi ; Quyên III, p. 26, section Hôn nhon. Voir NDM, 404.) C’est certainement à cette légende chinoise qu’a été emprunté le détail de ce pont des corbeaux.

  1. Sao dôn ganh.