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II

HISTOIRE DE GHI.



Au marché de Cày, dans le village de Truong luu, province de Hà linh, vivait un homme nommé Nghi qui avait la garde du marché. Après sa mort, il fut changé en démon (qui), et le village lui éleva une chapelle où on lui sacrifiait deux fois par an. Si l’on y eût manqué, le village n’aurait eu aucun repos. Cette chapelle était située sur le chemin, et toute femme qui passait devant devait baisser son pantalon, sans cela il ne la laissait pas passer. Les marchandes qui allaient au marché devaient en faire autant, sans quoi elles auraient manqué leur vente. Un mandarin, nommé Dinh nhirt thân, qui allait exercer ses fonctions au Tonquin, passant par là apprit cette histoire de la bouche des gens du village. Il en rit et dit au génie : « Je vais dans le nord ; si tu me protèges, je te donnerai le titre d’oncle Nghi, gardien du marché, généralissime ». Enorgueilli par ce titre[1], l’oncle Nghi devint de plus en plus tracassier ; il faisait des apparitions dans les maisons, violentait les femmes. Lorsque le roi Thièu tri[2] alla à Hà nôi pour recevoir l’investiture, il passa devant cette chapelle et demanda à quel génie elle était dédiée. Les gens du village lui racontèrent les méfaits de l’oncle Nghi, et Thièu tri ordonna de brûler la chapelle. Depuis, le village jouit de la tranquillité.

  1. Le narrateur a oublié de dire ici quel service le génie rendit au mandarin.
  2. 1840-1847.