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LXXXI

LE BUFFLE.



Ngoc hoàng envoya un de ses officiers porter sur la terre une poignée de riz et une d’herbe pour fournir à la nourriture des hommes et des animaux. Cet officier jeta toute sa poignée d’herbe sur le monde, de manière que l’herbe poussât à foison ; mais de la poignée de riz, il n’en jeta que la moitié et remporta l’autre. Ngoc hoàng, irrité, le changea en bufffe, afin qu’il mangeât l’herbe de la terre[1]. C’est par la faute de cet officier que maintenant sur toute la terre l’herbe abonde, tandis que le riz est rare.


Autrefois le buffle savait parler. Un jour son maître lui demanda s’il s’était bien repu, et le buffle se plaignit que son gardien l’avait mené paître dans des endroits où il n’y avait rien à manger. Le maître réprimanda le gardien. Celui-ci, irrité, prit des bâtonnets d’encens, les ficha dans les joues du buffle et les fit brûler. À partir de ce moment le buffle fut privé de la parole. Cette opération a laissé sa trace dans les touffes de poil qui se trouvent sur les joues du buffle.

  1. L’on a sans doute omis ici un point, savoir que le coupable fut transformé en buffle afin d’aider, par la culture, les hommes à réparer les conséquences de sa faute. Sans lui le riz aurait poussé comme l’herbe et il n’y aurait eu besoin d’aucun travail.