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CXI

INNOCENCE CALOMNIÉE.



Deux époux avaient donné le jour à une fille nommée Mâu, qui avait tous les talents et toutes les vertus. Elle fut mariée à un lettré du même village. Ils s’aimaient tendrement, mais la belle-mère de Mâu la haïssait et la maltraitait de toutes façons ; Mâu cependant ne se départait pas de ses devoirs de piété filiale et n’osait se plaindre à son mari.

Un jour que la belle-mère était sortie, le mari pria sa femme de lui chercher ses poux. Pendant qu’elle se livrait à cette opération, elle vit dans la barbe de son mari quelques poils qui poussaient à rebrousse-poil. Son mari s’était endormi, elle se leva pour aller chercher un couteau à pince pour arracher ces poils.

Pendant ce temps la belle-mère était rentrée et quand sa bru voulut se servir du couteau pour arracher les poils de barbe de son mari, elle crut qu’elle voulait lui couper le cou, et se précipita sur elle pour reprendre le couteau. Le couteau toucha le cou du mari et fit une blessure. La mère appela au secours et quand les autorités du village arrivèrent, elle leur dit : « Ma bru voulait tuer son mari ; à cette vue je me suis emportée et j’ai appelé au secours. »

Le mari eut beau défendre sa femme et dire qu’elle voulait seulement l’épiler, la mère se refusa à le croire, et le village arrêta Mâu et la remit au juge. Celui-ci l’interrogea et ayant