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I

AVARES.



Un avare avait trois fils. Quand il se sentit près de la mort, il les fit venir et leur demanda ce qu’ils feraient pour ses funérailles. L’aîné dit qu’il ferait un bel enterrement avec accompagnement de musique. L’avare se montra très mécontent de cette dépense inutile. « Je vous laisserai pourrir au milieu des champs », dit le second. L’avare se montra plus satisfait, mais encore ne gagnait-on rien à ce procédé. « Moi, dit le troisième, je vous salerai et je vendrai la viande. » — « Voilà qui va bien ! dit l’avare, mais ne va pas faire affaire avec un tel, c’est un mauvais payeur. »


Un couple fort avare avait trois filles. Ils marièrent l’aînée à un licencié, la seconde à un bachelier et la troisième à un acteur, parce qu’ils aimaient fort pouvoir fréquenter gratuitement le théâtre. Quand ils sentirent leur fin approcher, ils firent venir leurs gendres et leur demandèrent séparément ce qu’ils feraient après leur mort pour leurs funérailles. Le licencié dit : « Je ferai des cérémonies funèbres pendant trois mois et je tiendrai table ouverte pour gens de tout village, de tout âge et de tout sexe. » Le bachelier dit : « Je tuerai cent buffles, cent bœufs, cent porcs