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« Envoyé impérial obéissant aux ordres », il pénétra dans la citadelle avec son escorte ; ses hommes avaient le fusil armé, le sabre nu, personne n’osa s’opposer à leur passage.

Un domestique du gouverneur alla le prévenir ; celui-ci sortit et se trouva face à face avec Tao qui lui dit : Connaissez-vous le capitaine Tao ? C’est moi. Voyez la tache rouge dans l’oreille. Quel crime ai-je commis pour que vous cherchiez à vous emparer de moi ? Le gouverneur lui répondit : « Je suis le gouverneur de ce pays ; tous les autres ont fait leur soumission, il n’y a que vous qui persistiez dans la révolte. Maintenant je vous donne cent taëls d’or et trois cents taëls d’argent, soyez mon ami et demeurez avec moi ; je demanderai au roi de vous pardonner et de vous donner un grade. » Tao lui répondit : « J’accepte l’or et l’argent, mais quant au grade je n’en ai que faire. Donnez-moi aussi cent hommes pour m’accompagner jusque dans la forêt. »

Le gouverneur eut peur qu’il ne le tuât et fut forcé de consentir à tout, mais il était fort irrité et accusait la négligence de ses soldats qui avaient laissé pénétrer la bande jusque dans la ville. Il fit donc exécuter tous les hommes de garde et envoya des espions pour découvrir où se trouvaient les parents et la femme de Tao dont il s’empara.

Il fit élever une tour d’une hauteur de trois cents thu’oc et y fit monter la mère et la femme de Tao afin que celui-ci les vit de loin. Il lui écrivit ensuite : « Si vous faites votre soumission, j’épargnerai votre mère et votre femme, sinon je les ferai exécuter. » Tao soupira et dit : « Il y a la mère et le fils ; après la piété filiale vient la fidélité au prince ; je suis heureux, j’ai des chevaux et des parasols, mais s’il faut laisser mourir ma mère et ma femme, à quoi bon ? » Il amena donc sa bande faire sa soumission et racheta ainsi la vie de sa mère.

Arrivé à la porte de la forteresse, il récita une ode (phù) dans laquelle il disait qu’il était très fort mais qu’il se soumettait