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l’enceinte pour fouiller les maisons et tuer Bu. Tout le monde pensait que celui-ci était perdu, mais il ne fit qu’en rire, fit une opération divinatoire et dit : « Je vais m’en tirer sans peine. » il prit une natte, la roula comme si elle contenait un cadavre et la fit porter par deux hommes ; quant à lui, il suivait la pioche à la main ; son domestique portait une pelle. Tout en marchant, ils se lamentaient si bien qu’aux postes extérieurs on les laissa passer pour aller enterrer leur mort.

Une fois hors d’atteinte, Bu cria aux soldats : « C’est moi qui suis Bu ; attrapez-moi si vous pouvez », et il plongea dans le fleuve. Les soldats entourèrent de filets de fer le point où il avait plongé et firent mettre les éléphants à l’eau pour l’écraser sous leurs pieds. Mais Bu était aussi libre de ses mouvements sous l’eau que sur la terre, il souleva les filets et défia encore une fois ses ennemis qui ne purent s’emparer de lui.

Un autre jour, il était allé à une noce où sa présence fut dénoncée. Les mandarins, pour lutter avec lui, se firent suivre par un devin ayant la même spécialité. Quand ils eurent entouré le village. Bu fit une conjuration, prit un bol d’eau, jeta une baguette par-dessus et l’enjamba. Ensuite, il se cacha dans les combles de la maison. Les mandarins ne le trouvant pas recoururent à leur devin, et celui-ci, trompé par l’opération magique, leur dit que Bu venait de franchir un cours d’eau sur un pont. Ainsi la précaution tourna à leur désavantage. Dans une occasion semblable, Bu se cacha dans une natte que le devin ennemi prit pour une forêt de joncs, la natte étant faite de joncs.