Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à rester avec vous soixante-douze ans. » Binh consentit à le prendre dans sa maison (nuôi). Là-dessus il s’éveilla et reconnut qu’il avait fait un rêve.

Binh et sa femme avaient à cette époque plus de cinquante ans ; cependant la femme devint enceinte, et, le terme venu, donna le jour à un garçon. L’accouchement eut lieu pendant la nuit ; toute la maison fut remplie d’une clarté rouge, ce que Binh considéra comme d’un excellent augure. Quand l’enfant atteignit l’âge de dix ans, sa figure ne ressemblait pas à une figure ordinaire. Il avait des yeux gros et ronds avec une petite prunelle, sur laquelle se voyait une tache d’or ; la face carrée, les épaules larges, le nez proéminent, les oreilles blanches. Il portait le nom de Dang van Hoa, qu’il avait reçu un mois après sa naissance.

C’était l’époque de la révolte des Tây son. La huitième année de Gia long Dang van hoa eut dix huit ans. Le gouverneur de la province entendit parler de lui comme d’un enfant prodige[1], et le fit venir pour l’examiner. Hoa répondit à merveille à toutes les questions sur les choses célestes et terrestres. Il fut alors envoyé à la capitale, où l’Empereur l’interrogea devant toute sa cour. Satisfait de ses réponses, il demanda à ses mandarins quel titre il devait lui décerner. Ils demandèrent qu’on le créât Hiêp biên dai hoc si khiêm quan khân thiêm giàm su vu[2].

  1. Thân dông. L’enfant prodige paraît être un phénomène fréquent chez les Annamites. Du moins est-il souvent question d’enfants d’une précocité merveilleuse dont les réponses transportent d’admiration le voisinage et qui finissent par être mandés devant l’Empereur.
  2. Ceci peut se traduire par : L’un des grands maîtres examinateurs et astronome impérial. Le sens du titre suivant est : Grand maître du palais de la lumière littéraire.