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XXVIII

HISTOIRE DE LA PRINCESSE CÉLESTE LIEU
ET DE SES FILS LES TRANG NGUYEN QUINH ET TRINH[1].



I


Au village de An dông, huyên de Quàn xurong, province de Thanh hôa, Phât bà[2] se transforma en deux poches qui se trouvaient l’une sur la montagne, l’autre dans la mer. Au bout d’un an, ces deux poches s’ouvrirent et il en sortit huit turông[3], doués de pouvoirs si merveilleux que nul ne les égalait. La déesse alors créa (d’elle-même) une pagode de pierre bâtie sur la montagne de Oi, dans le village de An dông ; quant aux huit turông, ils allèrent chacun vers un des points de l’horizon, détruisant partout les temples sans se soucier du pouvoir des génies. La déesse les rappela auprès d’elle pour faire pénitence et suivre la loi du Bouddha. Les turông furent transformés en des statues de pierre qui sont rangées des deux côtés de la déesse. C’est pourquoi dans les livres bouddhiques on leur a donné le nom de bât bo kim cang.

Du temps de Lé thâi tô[4], la princesse Lieu, fille de l’Empereur céleste[5] fut envoyée en exil. Elle s’incarna en une jolie fille et établit une auberge au pied du défilé de Dèo ngang. Tous ceux qui passaient par là entraient pour boire et lui faire la cour.

  1. *Je réunis sous un même titre, en les distinguant par un numéro d’ordre, plusieurs histoires relatives à un génie céleste qui s’incarne en une jolie fille, et donne le jour à des fils remarquables par leur talent et leur malice.
  2. Phat bà. C’est la déesse Quan am.
  3. Turong. Esprits, génies, chefs de légions d’esprits.
  4. Lé thâi to. Grand ancêtre, titre posthume de Lé Liyi, fondateur de la seconde dynastie Lé.
  5. Ngoc hoang thuong dé. Divinité suprême des Taoistes.